À certains endroits, la forêt exposée à modérément exposée de Laminaria hyperborea est intensément broutée par l’oursin Echinus esculentus. La surface de la roche est pratiquement dépourvue de tapis d’algues foliacées et semble généralement nue, bien qu’elle soit couverte d’algues encroûtantes. En plus de ces corallinales encroûtantes, il peut y avoir des croûtes non calcaires d’espèces telles que Cruoria pellita et des croûtes d’algues brunes. Les stipes des laminaires peuvent être broutés ou non. Dans les endroits broutés à l’extrême, les stipes sont dépourvus d’algues. Plus généralement toutefois, les stipes constituent un refuge contre le broutage et sont caractérisés par des tapis denses d’algues rouges, notamment Phycodrys rubens, Callophyllis laciniata, Plocamium cartilagineum et Delesseria sanguinea. L’hydraire Obelia geniculata et le bryozoaire Membranipora membranacea colonisent les frondes des laminaires. Sur la roche elle‐même, certaines algues brunes comme Cutleria multifida peuvent persister dans ce milieu brouté. Des espèces à croissance rapide comme la laminaire Saccharina latissima (anciennement Laminaria saccharina) peuvent être présentes aux endroits qui récupèrent du broutage et coloniser de manière opportuniste la surface de la roche nettoyée par le broutage. La faune d’une forêt broutée de laminaires est aussi relativement clairsemée et surtout confinée aux fentes et fissures de la roche et en‐dessous des blocs. On peut souvent trouver des espèces telles que l’ascidie Clavelina lepadiformis sur les parois rocheuses verticales. Sur la surface de la roche, on voit aussi les anthozoaires Urticina felina et Alcyonium digitatum. Des espèces encroûtantes comme le polychète tubicole Spirobranchus triqueter (anciennement Pomatoceros triqueter) résistent au broutage et peuvent être abondantes. Les animaux brouteurs présents comprennent l’échinoderme Echinus esculentus ainsi que les gastéropodes Calliostoma zizyphinum et Gibbula cineraria. Les autres échinodermes présents comprennent Asterias rubens et Antedon bifida, qui peuvent être abondants dans le Nord‐Ouest des Îles Britanniques. De nombreuses forêts de laminaires sont modérément broutées, et la présente classe ne devrait être attribuée que là où la biocénose a fait l’objet d’un broutage intense, de sorte que la roche ne présente que des encroûtements d’algues et très peu d’algues épilithiques.Situation : À mesure que la profondeur augmente, la forêt de laminaires devient progressivement une zone de laminaires clairsemées (A3.2144), dont la limite inférieure est souvent nettement tranchée, représentant le point d’équilibre entre la pression de broutage des oursins et les possibilités de croissance des laminaires. Dans les zones rocheuses en forte pente et exposées aux vagues, les eaux les moins profondes peuvent être caractérisées par une forêt de laminaires et des algues rouges (A3.1151), habitat en‐dessous duquel il y a une forêt broutée de laminaires. Cela peut résulter de l’action accrue des vagues en eau peu profonde, qui a pour effet de régulièrement déloger les oursins et donc de réduire la pression de broutage qu’ils exercent. L’habitat A3.2143 est très présent dans le Nord du Royaume‐Uni, où les populations de E. esculentus atteignent de fortes densités. Même si l’oursin E. esculentus est largement présent sur le pourtour du Royaume‐Uni, c’est en Écosse et dans le Nord‐Est de l’Angleterre qu’il est le plus abondant et peut affecter substantiellement les biocénoses de l’infralittoral.Variations temporelles : Les fluctuations de la population de E. esculentus peuvent donner aux algues foliacées la chance de croître à nouveau périodiquement. Il faudrait davantage de données sur les variations temporelles de ces forêts broutées et sur les modifications de la structure de cette biocénose lorsque la pression de broutage diminue.